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BMW M3 (E30) - 1988




Apparue en septembre 1986 sous la carrosserie E30, la M3 fut initialement conçue par les ingénieurs de BMW pour participer au championnat allemand de supertourisme. Elle rencontra un tel succès commercial et sportif que Motorsport dû revoir ses cadences de production à la hausse. Aujourd'hui, la M3 est toujours l'emblème de l'image sportive de BMW. Les années 80 furent l'occasion pour BMW d'imposer ses modèles comme étant " The Ultimate Driving Machines ". Succédant ainsi à la première série 3 de l'histoire (E21) la E30 apparue en 1982 s'est imposée rapidement comme un best-seller pour la marque en inaugurant un grand nombre de variantes de carrosseries et de motorisations. Parallèlement à ses succès commerciaux, BMW souhaitait également imposer son nom dans le championnat FIA de Groupe A. La série 3 s'imposa rapidement comme la base la plus adéquat pour développer un modèle de compétition. Et c'est donc tout naturellement Motorsport, le département compétition de la marque, qui eu la charge de concevoir et réaliser les 5000 exemplaires de la voiture nécessaires pour l'homologation (devant être construits en 12 mois). Ainsi était née la BMW M3, une voiture totalement conçue pour le sport automobile, même si la version "route" savait préserver un certain niveau de confort. L'apparence extérieure du véhicule ne trompe pas l'oeil averti. Contrairement à ce que son look de simple série 3 "tunée" pourrait laisser supposer, les modifications nécessaires pour transformer cette petite berline bourgeoise en bête de course sont très nombreuses. Le kit carrosserie en effet, comprend un gros aileron arrière dont l'angle d'appui sera même réglable sur la Sport Evolution, des ailes larges reliées par des jupes latérales et des boucliers plus volumineux. Motorsport proposa pour les plus exigeants des éléments de carrosserie allégés, comme par exemple des vitres ou des pare-chocs en fibre de verre, des sièges ou un capot allégés. Le look agressif et tape-à-l'oeil de la M3 a sans doute influencé le monde balbutiant du "tuning" pendant des années mais reflète bien l'esprit de sportivité exacerbée qui anime la M3. Il est vrai qu'aujourd'hui, la caisse E30 et y compris la M3, ont un côté franchement démodé, pour ne pas dire ringard. Mais il n'est pas impossible que ce design si caractéristique des années 80 trouve un certain charme auprès des collectionneurs. Et puis, c'est bien connu, c'est la beauté intérieure qui compte, pas le physique...

Un moteur de F1 !
Concernant la M3, le meilleur est effectivement à l'intérieur. Elle débute son existence en 1986 avec le moteur type 23 4E A, plus connu sous le code S14, un 4-cylindres à 16 soupapes de 2302 cm3 développant 195 chevaux à 6750 tr/m (200 ch sans catalyseur pour certains marchés) et 230 Nm à 4750 tr/mn. C'est ce même bloc qui servit de base à la M10 en Formule 1 à l'époque des moteurs Turbo. Il s'agit en fait du 6 cylindres en ligne de la célèbre M635 CSI, amputé pour l'occasion de 2 cylindres. La M3 s'offre d'emblée un joli pedigree ! Rapidement, la puissance est portée à 215 ch (220 ch sans catalyseur). En 1999, la "Sport Evolution" sera l'ultime évolution de cette série avec une puissance de 238 chevaux pour une cylindrée de 2,5 L. La boîte retenue pour la M3 est la Getrag 265. Une boîte à l'étagement court favorisant les reprises et les accélérations (0 à 100 km/h en 7’’1 pour la version 195 ch) et qui permet d'atteindre la vitesse maxi de 238 km/h au régime maxi de 6800 tr/mn.

Evolutions et variantes
En championnat d'Allemagne des voitures de tourisme, Mercedes, BMW, Audi et Opel se livrent une bataille acharnée, nécessitant sans cesse d'augmenter la puissance, d'alléger les carrosseries tout en restant dans les limites d'un règlement technique assez rigoureux concernant le groupe A. Autorisant des homologations dans un premier cas à un constructeur qui produit en douze mois consécutifs un minimum de 5000 voitures, il permet également des "extensions d'homologation". Dans ce cas, 500 voitures suffisent si la FIA juge qu'il s'agit simplement de l'extension mécanique ou aérodynamique d'une base existante. Elle n'admet alors qu'un volume de modifications explicitement défini par rapport au modèle de base, ce qui équivaut tout de même à mettre sur la piste des voitures entièrement nouvelles alors que dans le même temps, les " évolutions de séries " subissent quelques superficielles modifications… La M3 va connaître 3 évolutions majeures, nommées à juste titre, Evolution I, Evolution II et Sport Evolution. Les rares séries limitées se nomment "Europa Meister" (148 exemplaires produits de octobre à novembre 1988) et "Cecotto & Ravaglia" (506 ex., de Avril à Juillet 89) du nom des deux pilotes. Le bijou de Motorsport sera également décliné en cabriolet, variante conçue pour les utilisateurs à la recherche d'une voiture agile et performante mais également mois radicalement sportive et donc plus confortable que le coupé. Elle comptera aussi 3 évolutions dont une très rare version 220 cv apparemment produite à 1 seul exemplaire (!!!) en juin 1989 (châssis n° EB85020).

M3 - Evolution I
505 exemplaires produits de février à mai 87 identifiables au "E" gravé sur la culasse du moteur qui passe à 200 ch en abandonnant le catalyseur. Peu de modifications notables en dehors du bouclier avant tombant un peu plus bas.

M3 - Evolution II
Disponible en 3 couleurs seulement (Bleu Macao, Nogaro Silver et rouge Misano), la M3 Evolution 2 a été produite à 501 exemplaires de mars à mai 1988. Grâce à des arbres à cames et des pistons différents ainsi qu'un nouveau conduit d'admission, le taux de compression a pu être légèrement augmenté et le moteur, dépourvu de catalyseur, passe à 220 ch et 244 Nm. Grâce également à différentes sources d'allègements (supports de boucliers allégés, vitres arrières plus fines...) et à un rapport de pont raccourci, le gain en accélération de 0 à 100 km/h est de 0,4s. La vitesse maxi atteint 244 km/h. Le bouclier avant est plus profond et comprend une sorte de "lame" plus proéminente dans sa partie basse. Les jantes passent en 7.5Jx16 avec des pneus 225/45 ZR 16 à la place des 205/55 VR 15.

M3 - Sport Evolution
Produite de Janvier à mars 1990 (n° de châssis AC79000 à AC79599), la Sport Evolution (ou encore Evo Sport ou Evo III) est l'ultime aboutissement de la M3 type E30. La cylindrée du moteur passe pour l'occasion à 2467 cm3 et celui-ci s'équipe en série d'un pot catalytique 3 voies avec sonde lambda. Sa puissance maxi de 238 ch est obtenue à 7000 tr/mn et le couple de 26,3 Mkg à 4750 tr/mn. Le rapport de pont de la boîte Getrag 5 rapports est raccourci (3.15:1). Malgré tout, la différence de cylindrée entre les 2 moteurs ne saute pas immédiatement aux yeux. Il faut rester dans les tours et accepter de jouer de permanence de l'excellente boîte pour profiter pleinement d'un moteur qui en dessous de 2500 tr/mn, est affublé de l'inévitable paresse propre aux multisoupapes de l'époque. A partir de 3500 tr/mn, le 2.5L apparaît plus disponible mais aussi plus pointu et finalement, plus délicat à exploiter en conditions d'utilisation normales. L'usine a contenu le poids en allégeant pare-chocs et capot arrières, allant jusqu'à gagner 1mm sur l'épaisseur des vitres latérales et diminuer la capacité du réservoir de 70 à 63 litres. En revanche, malgré ce souci d'allègement, le poids atteint 1275 kilos (contre 1200 kg annoncés par BMW...) ce qui ne fait évoluer que très peu le rapport poids/puissance de la M3. Au chapitre des nouveautés, l'ABS Bosch et la direction à assistance variable sont de série. La suspension avant est abaissée de 10.5 mm, le bouclier redessiné pour gagner en déportance et les passages de roues agrandis accueillent des jantes BBS de 16’’ (celles proposées en option sur la M3) chaussées originalement de pneus Michelin MXX en 225/45 Z. La voiture à ainsi l'air plus ramassée. L'aileron arrière comporte un bord d'attaque différent et, comme le bouclier, il est réglable en 3 positions. Peu utile au quotidien, il était toutefois impératif que la voiture soit homologuée en série avec ce système pour qu'il soit monté en groupe A.
Côté performances on relève une vitesse maxi de 248 km/h en 5éme, le 1000 mètres DA en 27’’4, le 0 à 100 km/h en 6’’5. Isolées de leur contexte, ces performances sont excellentes, c'est une chose entendue, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Sur le sec, le comportement de la M3 est fantastique et la limite dure à atteindre. Naturellement neutre et un peu sous-vireuse, la M3 permet de ne pas entrer trop vite en virage pour en ressortir en dérive. Cette manoeuvre qui était déjà un régal sur les autres M3, prend ici une dimension encore plus excitante. Les amortisseurs digèrent parfaitement les inclinaisons de la caisse et les changements d'appui sur un parcours sinueux s'effectuent avec une vivacité et une précision admirables, qui pourraient même être amélioré si la direction était moins démultipliée. L'équipement de série comprenant la condamnation centralisée à télécommande, l'air conditionné, les vitres et rétros électriques, l'ABS, la direction assistée et des sièges baquets pouvait être enrichit d'une liste d'options comme le toit ouvrant manuel ou électrique, les laves-phares, l'intérieur cuir, l'ordinateur de bord, etc. Au choix pour la carrosserie : rouge ou noir. Son prix de vente en 1990 étant déjà plutôt coquet sans option (380.000 francs), on comprend mieux pourquoi la Sport Evolution a été réservée à une petite clientèle de privilégiés (600 exemplaires dont une cinquantaine pour la France) ! Une voiture chère mais “ frisant la perfection ” selon la presse spécialisée de l'époque. Seulement, le supplément de 100.000 francs de l'époque ne justifie pas complètement une différence de puissance de 23 petits chevaux (en partie annulés à cause du poids) et des performances sensiblements égales à celles d'une M3 215/220 ch.

La M3 en compétition
Cette excellente base à l'homologation va donc fournir un record de 1436 victoires en courses de Supertourisme, comprenant un championnat mondial, européen et deux allemands de 1987 à 1992. Née pour courir, la M3 s'est immédiatement imposée en compétition. Dès sa première apparition aux 24 Heures de Spa en 1987, la M3 "de circuit" engagée par le constructeur se couvre de lauriers. A son volant, Roberto Ravaglia remporte le Championnat du monde des voitures de tourisme. Sûre du potentiel de la M3, BMW France décide d'engager une voiture en rallye la même année. Préparée par Prodrive, la M3 de l'équipage Béguin-Lenne fait une entrée fracassante au rallye des Garrigues. Seul un problème électronique laissera échapper la victoire. La voiture s'impose dès l'épreuve suivante, au Critérium de Touraine. La consécration a lieu au rallye de Corse où Béguin-Lenne surpassent les tractions intégrales pour s'offrir une unique victoire en championnat du monde. " Pensée pour la compétition, la M3 pouvait compter sur sa tenue de route exceptionnelle, due notamment à sa légèreté et à sa bonne répartition des masses " témoigne Bernard Béguin. La M3 E30 continuera d'accumuler les succès dans les deux disciplines jusqu'en 1992.

Acheter une BMW M3 (E30)
En théorie toute M3 est intéressante, à condition d'être conscient des frais réalisés et de ceux à prévoir. Voici quelques points à vérifier avant l'achat : Tout d'abord, la chaîne de distribution et les galets doivent être contrôlés, surtout sur les voitures à fort kilométrage (+ de 150.000 km). Les bras de suspensions en acier sont assez fragiles. Les joints à bille peuvent casser et il convient de les remplacer tous les 3/4 ans. Le moteur consomme de l'huile c'est normal. L'idéal est de le faire fonctionner avec un niveau légèrement supérieur au maxi de la jauge. Il est fortement conseillé d'utiliser les filtres à huile d'origine BMW (réf. OC-84) plutôt que de pièces de remplacement bon marché. L'air pourrait arriver sur les tendeurs de chaîne et la pression d'huile baissant entraîne un bruit important au niveau de la chaîne. Ces quelques conseils ne sont pas exhaustif mais l'ensemble des précautions valables pour tous les véhicules sont également à prendre en considération. A savoir, un historique clair et un entretien méticuleux, effectué de préférence dans le réseau BMW.

Conclusion
Par son tempérament, le plaisir qu'elle dispense, ses prestations, ses performances et son aptitude à la conduite sportive, la première M3 restera pour toujours une formidable ambassadrice d'image pour BMW. Malgré son look démodé, la M3 E30 demeure un achat coup de coeur pour passionné, intéressant en collection pour sa relative rareté.