Peugeot 504 Ti coupé - 1978
Présentés en mars 1969 au salon de Genève, les coupés 504 d’abord mus par un 4-cylindres de 1800 cm3 se distingueront par une ligne signée par un Pininfarina très inspiré et doublé d’une version cabriolet. Véritable réussite esthétique aux antipodes du classicisme de l’austère berline dont elle dérive, le coupé 504 va évoluer au fil des années avec l’adoption du V6 PRV. Dès 1977, l’injection K-Jetronic vient apporter un dernier souffle de puissance additionnelle à cette élégante automobile qui a su traverser les époques avec grâce et noblesse. C’était lorsque l’industrie automobile française croyait encore à ses chances de haut de gamme automobile et ne misait pas tout sur le diesel…
Depuis l’après-guerre, Peugeot s’était remarqué par une stratégie sur deux axes : des berlines très traditionnelles et classiques dont la robustesse n’était plus à prouver, mais aussi des coupés dérivés de ces berlines dessinées avec brio par le carrossier italien Pininfarina. La précédente génération avait vu deux variantes avec les 404 coupé et 404 cabriolet, dont les carrosseries étaient très élégantes, mais que des moteurs 4-cylindres empêchaient de jouer dans la catégorie supérieure. Certes, le quatre cylindres Peugeot pouvait être équipé d’une injection mécanique Kügelfisher, mais les performances et le brio mécanique restaient insuffisants. Avec la nouvelle berline 504, Pininfarina va de nouveau se pencher sur les traits des variantes coupé et cabriolet. Et sous le capot, après des quatre cylindres classique et robustes (en 1800 puis en 2000 cm3) c’est la nouveauté avec le V6 PRV en première mouture pour le coupé Sochalien. La France allait enfin pouvoir compter sur une motorisation « noble », comprenez dotée de plus de quatre cylindres. Si la saga de ce brave PRV fut longue, elle fit également couler beaucoup d’encre étant l’objet permanent de nombreuses critiques. Peu importe, Peugeot possède dans sa gamme un coupé à la ligne très élégante et évocatrice de luxe, et désormais il peut compter sur 6-cylindres pour conquérir ses lettres de noblesse…
Un coupé classique
Entre le carrossier italien et Peugeot, c’est une longue histoire d’amour et de réussite que la dernière Peugeot 407 coupé a interrompu. Sur la base de la berline 504, dont la ligne est des plus classiques et austères, le designer italien (ou plutôt son équipe) va élaborer des lignes qui confèreront au coupé français tout son charisme et son attrait. Disponible en coupé mais aussi en cabriolet, c’est avant tout la version coupé qui est la plus originale en raison d’un pavillon de toit tenu par des montants fins et surtout une originale lunette arrière légèrement enfoncée. Ainsi gréé le coupé 504 V6 Ti a une classe folle ! Pour les premiers coupés et cabriolets 504 en 1969, Pininfarina, qui assemble également ces autos chez lui à côté des lignes de montage du spider Alfa Duetto (Le Lauréat contre une certaine idée de la bourgeoisie française !), avait imaginé deux doubles optiques à l’avant et des feux striés à l’arrière (qui seront repris d’ailleurs par les Ligier JS2). Mais dès le premier facelift, les feux avant seront désormais au nombre de deux, et les optiques arrière deviendront banalement rectangulaires. Mais ne boudons pas notre plaisir, malgré cela, le coupé 504 V6 reste toujours autant désirable. Depuis ses débuts de nombreux détails évoluent pour faire la transition entre les brillantes années 60 et les années 80 plus plastiques. Fin 79 d’ailleurs les coupés 504 V6 vont s’orner de pare-chocs en plastique peints ton caisse sur les peintures métallisées et noirs sur les teintes mates. Une évolution souhaitée à Sochaux pour que les coupés et cabriolets 504 puissent perdurer et rester dans le coup. A bord, les amateurs de classicisme ne seront pas déçus avec une planche de bord de facture très traditionnelle. Seul le combiné d’instruments et les aérateurs évolueront sensiblement. La sellerie pouvait être en velours de série ou en cuir. Très confortable, l’habitacle très lumineux des 504 Coupé V6 offrait quatre vraies places même si l’accès aux places arrière n’était pas des plus aisés. Les grands gabarits n’y seront en outre pas à leur aise, notamment pour l’espace aux jambes. Le levier de vitesse est positionné au plancher en bas de la console centrale et est caractéristique avec son pommeau qui semble à l’envers.
Moteur
Nous ne referons pas toute la genèse du PRV qui a déjà été abordé dans d’autres dossiers, mais il faut retenir dans les grandes lignes que Peugeot, Renault et Volvo se sont associés pour concevoir et produire un moteur V6 et un V8. La crise pétrolière passant par là, le projet s’est arrêté à un V6 mais en partant de la base des études du V8, d’où un angle d’ouverture, à l’époque, peu conventionnel pour un V6 puisqu’à 90°. Ce fut le premier sujet qui déclenchera les polémiques et critiques à son encontre, le V6 PRV présentant ainsi un fonctionnement pas très académique et moins onctueux que les 6 cylindres concurrents, notamment italiens et allemands. Il faudra attendre les Renault 25 V6 Turbo et les Alpine V6 Turbo pour que des manetons décalés apportent une solution et rende sa régularité à ce V6. Il faut, surtout avec le recul du temps, relativiser cette critique qui concerne plus des ingénieurs mécaniques que des utilisateurs. Et puis, bien que le V6 PRV ne développe pas à la base une puissance spécifique ébouriffante (54 ch/litre pour la 504 V6 Ti), il montrera un potentiel d’évolution exceptionnel en performances avec notamment les Venturi et les WM au Mans, mais surtout une fiabilité et robustesse qui en étonneront plus d’un. D’ailleurs, Peugeot habitué des rallyes africains engagera avec succès des coupés 504 V6 Groupe 4. Si au départ ce V6 de 2,7 litres atmosphérique développe 136 ch, il passe à 144 ch avec l’injection K-Jetronic sur la version « Ti ». Alors que les carburateurs offrent un entretien plus complexe pour les réglages, l’injection démontre sa régularité de fonctionnement par une constance de bon aloi. Couple et rapide, le coupé 504 V6 Ti est tout sauf une voiture de sport. Son créneau c’est plutôt l’esprit Grand Tourisme et compte bien jouer sur ses six cylindres pour faire la différence. Avec sa boîte à 5 rapports au maniement lent mais précis et ferme, ses performances (186 km/h et 31 secondes au 1000 mètres) et surtout son agrément sont ses meilleurs atouts. Le mariage entre châssis, moteur et boite semble idéal et participe activement au plaisir de conduite. Seule sa gloutonnerie en carburant pourra stopper vos élans de voyageur. A noter qu’en option, l’amateur heureux de laisser son pied gauche au repos pouvait opter pour une boîte automatique à 3 rapports.
Un châssis sain
Avec ses quatre roues indépendantes et sa propulsion arrière, le coupé 504 V6 Ti est très classique dans son architecture, mais Peugeot s’est distingué en offrant un comportement routier très sain et stable. Complété d’une direction à crémaillère avec assistance de série, la conduite à bord est sans surprise et confortable. Si le sport n’est pas son rayon, son freinage est suffisant pour ses performances (quatre freins à disques). Petite particularité de certaines autos des années 70 et 80, les coupés et cabriolets 504 V6 étaient dotés de roues et pneus Michelin TRX. Une technique qui empêche d’autres pneus et manufacturiers d’être montés.
Acheter un coupé 504 V6 Ti
Les 504 coupé V6 Ti sont réputés fiables mécaniquement et robuste puisque reprenant bon nombre d’éléments mécanique de sa cousine 504 berline. Ils pourraient ainsi laisser penser à l’auto collection plaisir idéal. Sauf qu’en assemblant ces coupés et cabriolets chez Pininfarina, Peugeot avait omis que les pièces de carrosserie spécifiques aux coupés et cabriolets (c’est-à-dire conçu et fabriqués chez Pininfarina), deviendraient quelques années plus tard la bête noire des collectionneurs. En effet la corrosion touche toutes ces pièces spécifiques et avant de se laisser séduire par la ligne griffée made in Italie, il conviendra de choisir un exemplaire exempt de toute trace de corrosion. Faute de quoi le budget restauration sera très lourdement grevé, bien plus que la cote moyenne de l’auto.
Côté tarifs justement, tout est envisageable même si on peut raisonnablement penser que 10.000 euros est un budget correct pour un très bel exemplaire en coupé. Mais attention les autos en parfait état de fonctionnement et sans corrosion sont rares sur le marché et en prime les modèles pré-gros pare-chocs ayant moins la cote, certains revendeurs peuvent à juste titre annoncer un prix supérieur à 10.000 euros. Les cabriolets s’échangent eux plus autour des 15.000 euros.
Attention, les pièces de mécanique sont introuvables ou presque et il faut avoir recours à de la pièce d’occasion. Si la carrosserie peut vite tourner au vinaigre, le V6 est heureusement l’atout maître des coupés 504. Incassable ou presque, les gros kilométrages ne lui font pas peur. Il faut quand même contrôler la chaîne de distribution tous les 100.000 km. La vidange moteur elle, est à effectuer tous les 7500 km avec le remplacement du filtre à huile tandis que la boîte et le pont sont à contrôler régulièrement. Autre chapitre qui fait mal : les pneumatiques TRX très chers et pas toujours simple à obtenir en fonction des fabrications et des stocks. Et n’espérez pas qu’avec les jantes acier cela soit différent puisqu’elles sont également prévues pour des TRX.
Conclusion
Dotée d’une ligne désirable et d’un V6 injection fiable et endurant, le coupé 504 V6 Ti semble être l’auto idéale pour le collectionneur. Belle à se damner, et performante, son V6, bien que PRV, lui octroie un surcroît de noblesse bienvenue. Mais la touche italienne dans le choix des tôles et leur protection rend les coupés 504 très sensibles à la corrosion engendrant des frais de restauration parfois indécents. Il faut donc choisir avec circonspection et prudence l’exemplaire idéal surtout que l’offre ne manque pas. Opter pour la fourchette haute de votre budget peut être un gage de sérénité et d’économie. A méditer avant de s’emballer à l’achat…